La Voix du Nord Edition du Dimanche 19 Janvier 2003 | |
par Samuel PETIT La thérapie par l’écriture Francine Vervick, une habitante de Travecy, raconte dans son premier livre dix mois de sa vie avec Lucas, mort à l’âge de 10 mois. Extraits. | |
C’EST une histoire peu banale que celle de cette mère de trois enfants, originaire de Travecy, qui a vécu en octobre 1999 l’expérience la plus douloureuse d’une maman, la perte de son bébé. Lucas est né en novembre 1998, atteint d’une grave cardiopathie. Il décèdera dix mois plus tard après trois opérations, dont deux à coeur ouvert. Depuis ce drame, la vie de Francine Vervick a changé. Mais Lucas est toujours là. Avec elle. Avec son mari. Avec ses frère et soeur. « Avant sa naissance, j’étais fonctionnaire, explique-t-elle. Lucas, c’est notre troisième enfant. J’ai donc décidé d’arrêter pour m’occuper de lui. Dix mois après, je me suis retrouvée seule à la maison... Mon mari partait travailler, mes enfants s’en allaient à l’école... » Comme une injustice, dit-elle. Pour soulager... Des moments terribles de souffrance. Une douleur pour la vie. Qui changera peut-être mais ne s’atténuera certainement jamais « car on ne fait pas le deuil de ce qui est inacceptable ». Au bout de la souffrance, il y a ce livre que Francine Vervick vient de publier aux Editions des écrivains, Le passage d’un ange ou le coeur de Lucas. Quatre vingt dix-sept pages pour lui dire "Je t’aime". Pour se soigner avec, pour seule thérapie, l’écriture. La seule issue qui puisse la « soulager », « plus qu’un psychologue ou un médecin », comme il lui fut recommandé. « Après la mort de Lucas, j’étais incapable de faire quoi que ce soit, raconte-t-elle. J’ai attendu plusieurs mois (seize précisément) avant d’écrire. Mais il fallait que je dise ce que j’avais sur le coeur, dix mois de vie avec ce bébé et l’année qui a suivi. C’était une manière d’extraire ma douleur. » Hormis quelques poèmes couchés sur un papier dans sa jeunesse, Francine n’avait jamais écrit. Ni même pensé à le faire. Encore moins un livre. « Ce n’était pas mon but au départ, poursuit-elle. Je voulais écrire de manière spontanée, tout simplement. C’est venu naturellement, à l’instinct, même si ça n’a pas toujours été facile car ça faisait mal d’en parler. » « Certains jours, j’étais vidée », se souvient Francine. Après avoir posé ses écrits quelques temps, elle les relit et décide de les faire publier. En hommage à son fils Lucas et à tous ceux qui l’ont soutenue pendant cette épreuve. « Je me suis dit que ce livre pourrait servir à d’autres parents qui sont dans le même cas, qui se sentent seuls après un tel drame. » Un deuxième livre L’auteur dépose ses manuscrits en juin 2001 et obtient quelques mois plus tard l’aval d’une maison d’édition parisienne au bout d’un long périple. « J’ai eu des réponses négatives, certains n’ont rien lu... », dit-elle. Et en fin d’année, son livre était en librairie. « Jusque là, à part mon mari et mes enfants, personne n’était au courant de l’ouvrage. Mais quand son frère et sa soeur l’ont ouvert, ils en étaient fiers. Fiers que Lucas soit toujours là avec nous... » Jour après jour, Francine raconte dix mois d’amour partagé, du réveillon de l’An aux passages dans les hôpitaux de la région parisienne. Elle raconte son combat, les premiers mois sans lui, ses convictions évanouies - « les fondamentaux qu’on vous inculque enfant si vite partis » -, sa douleur, son chagrin. Elle n’a pas fini d’en parler, n’aura jamais terminé peut-être. Francine Vervick a déjà entamé un deuxième ouvrage qu’elle enverra bientôt au même éditeur. Pour parler d’elle, de ce qu’elle a vécu après ces dix mois. Histoire de ne jamais refermer cette porte qu’elle avait ouverte à la naissance de son troisième enfant. C’était le 18 novembre 1998. .v « Le passage d’un ange ou le coeur de Lucas », aux Editions des écrivains. En vente chez Cognet à Saint-Quentin. |
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